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19 mai 2006

Annexe II, Synthèse de l'étude Heymann 2002 (p 80 à 84)

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L’évolution du métier de communicateur public

Synthèse de l’étude de novembre 2002 réalisée par Philippe Heymann pour Communication publique

La communication publique a connu en 25 ans une profonde mutation ... Sur cette toile de fond, décor changeant, se profile l'interrogation sur le devenir du métier de communicateur public et sur l'évolution des fonctions des services de communication.

Communication publique regroupe depuis 1989 les responsables de communication des institutions et collectivités publiques : ministères, administrations centrales, établissements publics et collectivités territoriales L’association a souhaité, dix ans après le rapport de Pierre Zémor sur l'organisation de la communication de service public, procéder à une nouvelle étude. Menée sous forme d'enquête participative, cette étude a été confiée à un consultant extérieur, Philippe Heymann.

Le dossier spécial de « la Lettre de Communication publique » n°73 de décembre 2002 présente les principales tendances qui ressortent autour des quatre thèmes de la professionnalisation, de l'irruption de technologies, de l'émergence de nouveaux territoires, de communication et de la légitimité du communicateur public.

  • Temps nouveaux pour les communicateurs publics

Le constat que les acteurs publics prennent de plus en plus la parole, deviennent plus facilement communicants et, peu à peu, se font leurs propres communicateurs pourrait induire la question provocante : "Que reste-t-il aux professionnels ? Ne deviendront-ils que des communicants, plus avertis, parmi d'autres ?"

L'étude fait apparaître une double évolution du métier de communicateur public :

- d'une part, dans le sens de la spécialisation des savoir-faire et des modalités de la communication : publications, relations publiques, préparation d'événements, relations médias, développement et gestion de sites web…;.

- d'autre part, dans le sens du conseil, notamment à l'égard des élus et des dirigeants, et de la formation à la communication des acteurs à tous les niveaux de l'institution.

En tout état de cause, les temps nouveaux des communicateurs publics seront passionnants. Car vont évoluer les métiers, les structures et surtout les relations tant avec les citoyens qu'avec les agents des institutions publiques. Un fort besoin d'être reconnu apparaît. Du travail pour « Communication publique » !!

  • Des progrès considérables

En premier lieu, c'est le champ de la communication qui s'élargit: "la communication est partout ; certes, cela s'est toujours fait : les drapeaux, les sceaux, les blasons, les hymnes… ; aujourd'hui on a donné un nom à tout cela et il y a redécouverte". La véritable nouveauté est que c'est un domaine identifié "qui donne lieu à une vraie professionnalisation".

La prise de conscience tient cependant plus à la pression des faits qu'à une évolution profonde des mentalités du "corps administratif" : "c'est une demande lourde de nos sociétés qui va entraîner une transformation profonde de la façon de communiquer des fonctionnaires".

  • L'évolution vers la professionnalisation

Mais les résistances sont encore grandes : "Dans le service public, il n'y a pas encore une culture de l'information".

Les progrès sont très réels mais assez lents. L'étude menée en 1999 par Communication Publique pour ses 10 ans (1) avançait : 32 % des personnes interrogées ne perçoivent pas de croissance du flux d'information émanant des services publics, ce qui est nettement mieux qu'en 1992 (44%), juste avant l'explosion du net et la création récente de "service-public.fr".

L'avancée de la professionnalisation

Au fil des années, les communicateurs déjà en place gagnent en expérience : on n'a plus besoin (ou nettement moins) de leur apprendre à faire une campagne de publicité ; les équipes de communication se sont étoffées en spécialistes (infographistes, webmestres, etc.)

L'aspect le plus marquant est certainement le recours de plus en plus fréquent à des professionnels chevronnés, qu'ils viennent du public ou du privé. Autre évolution positive : de hauts fonctionnaires appelés à monter dans la hiérarchie ne considèrent plus comme un détour négatif leur nomination à la tête d'un service de communication.

Ainsi "la fonction est plus forte que les réticences" et la professionnalisation semble progresser à tous les niveaux.

Les "nouvelles" technologies

Ce sujet a donné lieu à de multiples études et de nombreux travaux sont en cours, notamment auprès de l’actuel Secrétaire d’Etat à la réforme de l'Etat, Henri Plagnol. L'étude réalisée par le Groupe Bernard Brunhes auprès de 500 collectivités territoriales environ et publiée en février 2002 (2) met en avant deux éléments significatifs :

- les initiateurs des projets NTIC sont les Directions informatiques dans 33% des cas, les Directions générales des Services pour 28%, le Maire ou le Président pour 14% … les Directions de communication que pour 5% des cas ;

  • L'irruption des technologies de l'information et de la communication

- les Directions de communication ne sont pratiquement pas mentionnées sauf, dans quelques exemples, pour signaler leur présence dans les groupes de pilotage.

On retrouve les inquiétudes formulées par les communicateurs publics, rarement les moteurs ou les initiateurs de cette nouvelle révolution. Le développement à venir risque-t-il de les marginaliser?

- le processus va suivre les mêmes évolutions que pour l'informatique : la priorité est aujourd'hui aux "tuyaux" et "on va peu à peu passer de la phase actuelle techno à la phase d'usage et donc à celle des contenus". Dès lors, après la phase de défrichage et "conquête", avec absence de réelle stratégie, on évoluera vers un besoin de mise en ordre, de réflexion plus approfondie sur les contenus.

- les communicants réussissent pour l'instant plus facilement à s'imposer pour l'internet que sur l'intranet et la communication interne

- les TIC sont nécessairement porteuses de transversalité croissante et de travail en réseau en interne mais aussi externe. "Le public voudra de moins en moins devoir chercher sur 36 sites différents". Le développement de servicepublic.fr, sous le pilotage de la Documentation française, est un événement transversal majeur. Mais le problème va très vite se poser aussi au niveau territorial. En interne, l'enjeu est essentiel.

- la remise en cause des outils classiques de communication sera profonde. Il ne s'agit pas de l'éventuelle disparition des outils papier mais du rôle respectif de chacun, de la fonction et donc de la nature de leurs contenus. Un nouveau phénomène émerge : la mutualisation des contenus.

- Ces évolutions vont inévitablement avoir des conséquences sur l'organisation des Directions de communication : comment réaliser au mieux cette "mutualisation" au service de la rapidité, de la qualité et de la baisse des coûts ? Comment assurer la mise à jour rapide des sites ? Faut-il ou non regrouper tous les outils dans un même "pôle éditorial" ? Faut-il créer un site spécial (ou des sites départementaux) pour la communication de crise "publique" du type crises.gouv.fr ? Comment lutter contre les excès du "tout sur Internet" ? etc.

- les TIC, surtout l'internet, restent cependant encore d'un usage marginal même si le nombre des internautes s'accroît rapidement. Selon les plus récentes statistiques, 8% des fonctionnaires de l’Etat disposent "sur leur bureau" d’un ordinateur.

- les TIC vont progressivement s'intégrer dans les organisations et auront leurs "spécialistes". La phase actuelle de "défrichage" se fait dans le plus grand désordre organisationnel : création de "missions NTIC" un peu partout, théoriquement destinées à "stimuler" et "inciter" mais souvent tentées de "faire"; prise en main par les Directions informatiques, etc. Cela crée de nouveaux métiers, de nouveaux spécialistes, les webmestres en premier lieu.

La voie des communicateurs est dès lors claire : "ne pas baisser les bras ; accumuler du professionnalisme ; apporter de la valeur ajoutée ; travailler en partenariat ; prendre de la hauteur". Les notions de "mutualisation" et de choix et cohérence de l'ensemble des messages et outils de communication (écrits, interactifs, audiovisuels, événementiels, etc.) sont et resteront le meilleur point d'appui des professionnels de la communication.

  • L'émergence de nouveaux territoires

Au cours des prochaines années, le métier de communicateur public va vivre d’autres profondes évolutions et occuper de nouveaux territoires.

La demande forte d'accueil et d’information

Cette demande –cette explosion même– est l’une des plus fortes évolutions de l’avenir. Elle met en jeu l’ensemble des moyens et outils de communication, plus encore ce que l’on appelle aujourd’hui la communication relationnelle avec son armada de centres d’appel, numéros verts, bureaux d’accueil, etc. Surtout, elle met en cause l’ensemble des structures, des méthodes, des pratiques historiques des administrations et services publics de tous types. A la demande du Premier ministre, Bernard Candiard, précédemment directeur du SIG, prépare un rapport consacré à ce sujet auquel il importera de se référer.

  • Plus de démocratie de proximité

On peut dégager des tendances relatives au métier.

- Le mouvement ne fait que commencer sous la pression des citoyens et du contexte institutionnel.

- La réponse prendra des formes très diverses. Le terme de "démocratie locale" tend à installer le sujet au niveau des collectivités "locales" et principalement des villes. En réalité, la demande s'accroît rapidement partout et concerne toutes les institutions publiques et para-publiques.

- Au-delà de s'adresser en général directement au public ou à ses "représentants" de tous statuts, ces formules ont un point commun : elles mettent en jeu un ensemble de moyens et outils qu'il faut concevoir, combiner, développer dans le temps et dans l'espace. Ainsi, le Débat Public sur le 3ème site aéroportuaire international s'est fortement appuyé sur la palette complète des moyens de communication : relations presse, édition, journal, vidéo, site internet, réunions, etc.

- Une grande place pour les communicateurs mais… Cet ensemble de moyens et outils, leur conception et leur réalisation, leur rythme témoignent clairement des nouveaux territoires où le rôle et le professionnalisme des communicateurs sont évidents et légitimes. Cependant, "place aux Dircom, mais les Dircom à leur place". La recherche de ce "juste équilibre" pour la démocratie locale est au cœur du positionnement de la fonction communication.

  • Les besoins inexplorés de communication interne

Dans l'étude publiée en 1999 (1), Pierre Zémor souligne que "le rôle de la communication interne s'est imposé". Il n'est pas sûr que la réalité soit à la hauteur de ce commentaire. Quelques constats :

- les outils de communication interne se développent très fortement : journaux internes, réunions et conventions, intranets, etc. De rares institutions ont pu, depuis cinq ans, développer des opérations du type "projet de ministère" ou "projet d'institution". "Dans ce domaine, l'intranet va modifier considérablement les comportements et nous avons encore beaucoup à apprendre et à faire".

- les grandes entreprises ou "services publics" (EDF, SNCF, GDF, France Télécom, etc.) ont accompli des pas de géant et sont même souvent en avance sur leurs homologues privés pour deux raisons principales : plus que d'autres, il leur a fallu combler un énorme retard de culture interne en matière commerciale ("le client au cœur de l'entreprise"), concurrentielle et de gestion et rentabilité ; plus que le secteur privé, ils ont pu s'appuyer sur la valeur "service public" et une véritable "loyauté d'entreprise" pour se donner des défis à eux-mêmes. Dans tous les cas, les Directions de Communication ont été les premiers acteurs de ces évolutions.

- par rapport à ces bouleversements, l'univers public, malgré ses progrès réels, accuse encore un retard considérable ; dès lors, le champ de développement des communicateurs reste vaste. L'arrêt du projet de réforme de Bercy est un exemple symbolique, comme en témoigne le livre "Le suicide de Bercy" (3). De fait, l'univers public au sens large avance par les outils mais, faute de "chocs ou de défis violents", comme les ont connus les entreprises publiques, n'arrive pas encore à situer la communication interne et/ou la dynamisation des ressources humaines comme un enjeu stratégique majeur. C'est au cœur du débat sur la "modernisation de l'Etat" ou du service public.

- la communication interne crée souvent une "confrontation" avec les DRH. Ce problème n'est pas spécifique à l'univers public. Les groupes privés ont à le résoudre. Or tout le monde reconnaît que, si la confrontation est réelle, "c'est un faux débat ; dans cette affaire, ils ne peuvent se passer l'un de l'autre". Et c'est ensemble qu'ils auront à piloter. "Ensuite, c'est une affaire de personnes!".

- le développement des fonctions de médiation et de médiateur sera un important catalyseur.

  • Territoire largement conquis par la communication : les crises

Aux crises "classiques" (guerre, tempête, inondation, gros accident, etc.) se sont, ces dernières années, rajoutés de nouveaux types de crises : attentats, environnement (Erika, Toulouse, etc.), alimentaire (vache folle, mouton, OGM, etc.), santé (l'Hôpital Pompidou et la légionellose), sécurité, scandales, affaires, etc. Les crises d'entreprises privées elles-mêmes obligent la puissance publique à réagir : Lu/Danone à Calais, AOM, Michelin, etc. Ce phénomène n'est pas nouveau (Tchernobyl, le sang contaminé) mais plusieurs aspects le sont réellement :

- le renforcement et la puissance des médias, notamment télévisuels,

- la sensibilité et l'exigence d'information du public : "le taux d'acceptabilité de l'imprévu va continuer à baisser".

- l'implication de la "puissance publique" sous toutes ses formes : là où il y a une quinzaine d'années, on mettait encore souvent les choses sur le dos de la "fatalité", aujourd'hui l'opinion cherche le responsable, met en cause la législation et sa mise en œuvre.

L'omniprésence des crises

Dès lors, la réflexion, la formation et la préparation amont prennent encore plus d'importance. Des progrès considérables ont évidemment été accomplis, en premier lieu du côté des grands services publics (EDF, France Télécom, SNCF, etc.), ou d'administrations "sensibles" (Armées, Équipement, etc.). "Les Préfets sont sans doute ceux qui aujourd'hui savent en principe le mieux gérer les crises et ont de vrais mécanismes : c'est leur lot quotidien !". Pourtant, (l'Erika ou Toulouse/AZF), il reste à faire un énorme travail de fond permanent, notamment en ce qui concerne la délégation de parole à ceux qui sont proches du terrain.

Les élus et les politiques sont obligés de monter en première ligne, là où auparavant ils pouvaient encore essayer de se réfugier derrière l'opacité. Or les critères d'intervention des élus ne sont pas toujours spontanément cohérents avec ceux d'une communication de crise normalement gérée. "Les anciens systèmes de décision et de communication publique ne tiennent plus". Le tandem "élus/communicateurs" est ici souvent mis à rude épreuve. Il a besoin d'être mieux rôdé en amont et la place et le rôle des communicateurs doit être mieux définis.

De plus en plus souvent, la crise implique simultanément plusieurs institutions publiques ou publiques et privées dont les intérêts ou les motivations peuvent être contradictoires, ce qui implique une plus grande ouverture de chaque institution vers les autres.

La crise prend rapidement une dimension internationale (attentats, accident du Concorde, marée noire, vache folle, OGM), univers auquel les fonctionnaires et les communicateurs publics sont encore peu (ou pas du tout) préparés, à commencer par la pratique des langues étrangères.

Dans tous les cas, cela impliquera plus de préparation, et d'efforts, donc plus d'effectifs et de professionnalisation.

Au fil des mutations, de nouveaux thèmes de communication émergent.

Trois d’entre eux sont particulièrement significatifs : - la communication financière : aucune institution ou collectivité publique ne peut aujourd’hui ignorer cette dimension, qu’il s’agisse de la communication de son budget et de son utilisation ou de la santé financière de l’institution face à la communauté des fournisseurs de capitaux ou agences de notation. La dimension financière est évidemment un domaine où les directions financières ou administratives sont «politiquement» en première ligne. Mais on voit bien, là encore, la nécessaire complémentarité entre financiers et communicateurs.

- l’environnement : l’une des attentes prioritaires des Français à l’égard des services publics réside dans le respect de l’environnement étendu au cadre de vie. La communication publique s’en est saisie depuis plusieurs années mais "c’est un domaine qui n’en est encore qu’à ses débuts en tant que préoccupation et donc en terme de communication".

- le recrutement : les courbes démographiques de la fonction publique au sens large sont telles que les besoins de recrutement à tous les niveaux seront massifs : l’Éducation nationale, la Défense, les hôpitaux etc. le vivent déjà. Ici encore, la communication de recrutement relève de compétences de communication différentes et nouvelles qui n’étaient pas nécessairement développées jusqu’ici dans les directions de communication de l’univers public : high-tech, communication scientifique, promotion des territoires…

  • Les nouveaux thèmes de communication

On pourrait allonger la liste de ces thèmes. L’évolution des besoins la nourrira, nécessitant chaque fois des compétences nouvelles et une forte capacité à savoir travailler en coopération avec les responsables concernés de chaque institution. Ainsi : - la place croissante du fonctionnement en systèmes : le développement de nouveaux pouvoirs, de nouveaux interlocuteurs, de nouveaux partenaires va induire de nouvelles façons de travailler, accélérant une sorte de travail en systèmes. Un certain nombre des phénomènes déjà évoqués poussent dans ce sens : réseaux internet, extranet et intranet, décentralisation/déconcentration, intercommunalité, démocratie de proximité, communication interne, développement des réseaux de communicateurs.

Viennent s’y ajouter :

- la mondialisation croissante et l’accélération européenne : c'est déjà largement le cas pour de nombreuses collectivités territoriales et cela va concerner tout le monde. Les communicateurs doivent de plus en plus intégrer cette dimension : qualité d'écoute, acceptation de cultures et pratiques différentes, connaissance des médias "étrangers", outils multilingues, pratique des langues, etc.

- le développement des réseaux de communicateurs. C'est l'un des phénomènes les plus importants de ces prochaines années, même s'il reste très hétérogène. Chez certains (les Armées par exemple), c'est déjà de l'histoire ancienne. Mais, chez beaucoup, l'existence d'un véritable réseau de communicateurs était plus théorique que réelle.

Ce développement prend au moins trois formes différentes.

- Les réseaux "horizontaux", c'est-à-dire la mise en place de cellules de communication dans les directions ou services d'une même institution : encore faut-il régler plus clairement la nature de la relation entre ces responsables de communication et la direction de la communication.

- Les réseaux "décentralisés" : le phénomène est plus récent dans sa formalisation ; à l'Éducation nationale, la mise en place et la professionnalisation d'un réseau de communication homogène auprès des recteurs est "un enjeu de très grande importance" ; là aussi les communicateurs devront veiller à rechercher leurs complémentarités respectives et à éviter les conflits de territoires.

- Les réseaux "partenariaux" : plus que d'un développement des effectifs, il s'agit ici d'une nouvelle façon de travailler, par exemple au niveau territorial, entre institutions concourant à un même objectif : mairie, communauté urbaine, comité d'expansion, CCI, syndicat intercommunal, etc.

La création par le Service d’Information du Gouvernement (SIG) d’interCom, "l'extranet Métier des communicants de l’Etat", est à ce titre une innovation importante, notamment pour l’animation du réseau des communicateurs nationaux et décentralisés (environ 1000 "abonnés").

Systèmes et réseaux

Ce développement des réseaux "va sans doute continuer ; notre rôle sera de lutter contre l'éclatement et de mettre en place un système de délégations, chartes, etc.", explique le "dircom" d'un Conseil régional. Il va falloir faire face "à une énorme demande de formation et de professionnalisation".

Toutes les institutions publiques ou privées (associations, fondations et entreprises) multiplient désormais les actions en partenariat : parrainage, mécénat, événements, etc. Ce phénomène n'est pas nouveau mais prend une ampleur accélérée que l'on soit en situation de crise ou en situation "normale". "Nous pouvons de moins en moins vivre et travailler seuls ; apprendre à travailler avec les autres en sachant les comprendre, les écouter et trouver les réponses communes devient un aspect essentiel pour le communicateur public".

  • La communication publique restera-t-elle spécifique?

Au fil des entretiens et de l'étude, quelques questions de fond reviennent régulièrement. Toutes se réfèrent à la légitimité de la fonction : est-elle réellement acquise ?

La question est de savoir si communication "publique" et communication "privée" ou d'entreprise tendront à se rapprocher ou même, un jour, à ne plus faire qu'une.

Un certain nombre d'évolutions tendent au rapprochement, au moins en ce qui concerne les modalités. Les outils et les moyens utilisés sont de plus en plus les mêmes. De plus, le secteur public (au sens large) a de plus en plus besoin de "vendre ses services et produits" à ses ayant droits ; "à l'inverse, les entreprises privées se réfèrent de plus en plus dans leur communication à des valeurs qui étaient jusqu'ici du domaine du "public" : l'éthique, l'environnement, le développement durable, le respect, etc. même si cela reste encore très souvent dans un objectif marketing ou communication". Pour certains qui œuvrent en permanence à la fois pour le public et le privé (certaines agences corporate par exemple), "la tendance au rapprochement est claire sans même parler des grandes entreprises publiques". Et "le passage de Dircom du privé vers le public et vice-versa confirme bien ce mouvement".

  • Les voies de la légitimité pour le communicateur public

Les différences de nature et d'objectifs semblent cependant devoir rester profonde : "la communication d'entreprise est d'abord au service de la stratégie et des intérêts de l'entreprise ; la communication publique (à ne pas confondre avec la communication politique) est prioritairement au service du citoyen ou de l'usager".

Au total, "il est bien vrai que les communicateurs publics et privés recourent de plus en plus aux mêmes moyens, aux mêmes professionnalismes ; mais, pour longtemps encore, ils ne répondront pas aux mêmes objectifs et ne s'appuieront pas sur les mêmes logiques".

La fonction va-t’elle devenir plus opérationnelle ou plus stratégique ?

Plus encore que sur le sujet précédent, les points de vue les plus divers s'expriment. En réalité, le débat est peut-être plus sémantique que réel. "Ne confondons pas la stratégie politique qui est du ressort des politiques et la stratégie de communication qui est du ressort des communicateurs". L'on constate plusieurs évolutions de fond.

La complexité et la diversité des nouveaux outils obligent les communicateurs à prendre plus de hauteur, à s'intéresser plus en amont à ce qui se prépare. "De plus en plus, nous serons des apporteurs de cohérence ; c'est bien là une fonction stratégique". Les techniques et méthodes d'évaluation de l'efficacité progressent peu à peu. La complexité du "public" lui-même : dans la communication publique, bien plus qu'ailleurs, la même personne est simultanément citoyen, électeur, contribuable, usager, parent d'élève ou consommateur, ayant droit, souvent aussi salarié, membre de plusieurs «communautés d’intérêt» etc. Cette complexité est une tâche difficile et "elle est bien du ressort de la réflexion stratégique et non simplement instrumentale".

La communication publique, qui ne peut pas être une communication d'image, se déplace vers les contenus, le service, la transparence. "Si cette approche n'est pas partagée, rien ne peut se faire". Or, une "vision partagée" est bien plus du domaine stratégique qu'instrumental. Le concept de médiation qui se développe pousse vers le stratégique.

La notion de stratégie de communication à moyen terme se répand. Là où, jusqu'à une période récente, on considérait le concept de "schéma directeur à moyen terme" comme peu réalisable en univers public, on sent aujourd'hui le mouvement en marche même si ceux qui l'ont fait considèrent toujours leur cas "un peu particulier".

On a dit que la communication de crise devient omniprésente. Or, "quoi de plus stratégique qu'une crise?"

En tout état de cause, l'évolution vers plus de stratégique ne se fera pas sans remises en cause.

Le débat n'est pas nouveau. L'aspect strictement juridique et administratif se résume de façon assez simple. Il y a déjà un statut de la fonction territoriale, consulaire, des organismes sociaux, de la fonction publique, hospitalière, etc. ; "on voit donc mal comment et pourquoi créer un statut dans le statut".

Au-delà de cet aspect important, la question de fond se rattache à la vision que l'on a de la fonction de "communicateur". Les attitudes rencontrées dans notre enquête sont assez unanimes : "la fonction communication doit impérativement rester ouverte et mobile ; ce serait une erreur grave de l'enfermer dans un statut".

Plusieurs cheminements complémentaires resteront sans doute nécessaires :

- un cheminement "ouvert" permettant la navette privé-public,

- un élargissement des cheminements "transversaux" : passage d'une administration à une autre ; d'un type d'institution nationale ou territoriale à un autre. L’avenir des communicateurs publics passe sans aucun doute par la fluidité systématique des situations et des carrières.

Dans tous les cas, que l'on parle professionnalisation, spécialistes, "filière métier",la formation devient un sujet essentiel pour les communicateurs publics. A l'initiative de son précédent directeur, le SIG s'y est attelé, a mené une réflexion sur ce thème et mis en place de nouvelles façons de travailler.

Au total, tout pousse ainsi dans le sens d'une légitimité de plus en plus forte des communicateurs publics : pas seulement par l'envie qu'ils en ont, mais, plus profondément, par le besoin, "l'appel" émanant des citoyens, des usagers, des contribuables.

  • Un statut ou une reconnaissance ?

Au-delà, "ce dont les communicants publics ont le plus besoin, c'est de personnalité, d'acharnement, de puissance de conviction". Pour que cette évolution se concrétise, encore faut-il que l'ensemble de l'environnement politique et administratif "reconnaisse" l'importance et la spécificité de ce métier. "Ce dont nous avons le plus besoin, c'est de reconnaissance".

C'est peut-être dans ce domaine que la profession a maintenant le plus besoin d'œuvrer : d'autant que l'enjeu véritable est celui de la réforme du fonctionnement interne et externe de l'Etat et des collectivités et établissements publics. Les communicateurs publics peuvent et doivent y jouer un rôle majeur. Les responsables doivent, de leur côté, intégrer la communication comme moyen incontournable de réussite de la réforme du service public.


(1) Lettre Communication Publique "Dix ans", Septembre-décembre 1999, n° 58/60. "Dix ans de communication Publique : quelles évolutions ?" par Pierre Zémor

(2) "Les Collectivités territoriales se mettent aux nouvelles technologies" : les enseignements des démarches engagées, les perspectives - Les Cahiers du Groupe Bernard Brunhes n° 8. Février 2002

(3) Jean-Pierre Séreni et Claude Villeneuve : Le Suicide de Bercy - Plon - 2002


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